12 décembre, Opus 102

Savez vous qu'un artisan Français a inventé un piano à 102 notes au lieu de 88 ? Mais quel est le rapport entre ce piano Stephen Paulello - Opus 102 et Klinger Favre Audio ? On en profite pour parler de quelques notions d'acoustique de base. L'Opus 102 est un piano de concert destiné à jouer avec de grands orchestres. Or pour un chef d’œuvre si ambitieux, il fallait une salle de démonstration digne de ce nom. Stephen et Claire Paulello, créateurs de l'Opus 102 ont conçu le local, dessiné la charpente, et ils ont réalisé un traitement acoustique calculé et dessiné par Klinger Favre.





 

Ce piano déploie une richesse harmonique encore plus grande que celle des pianos classiques (chut chut, pas de marques...) grâce à un système de cordes très particulier et surtout grâce à ses 2 octaves supplémentairement, une dans l'aigu, une dans le grave. Nous devions donc créer un écrin qui permette de « gérer » la puissance de l'instrument, tout en donnant à entendre toutes ses subtilités.



Premier défi : savoir doser le temps de réverbération
Une réverbération naturelle dans un grand local est très agréable car elle aide la musique à voyager avec ampleur et parfois romantisme, mais elle doit rester suffisamment courte et maitrisée pour préserver l'intelligibilité et la lisibilité de trait rapides.
Comment choisir le temps de réverbération idéal ? Il existe une bonne référence: Un physicien du nom de Wallace Clement Sabine a établi au début du XXème siècle un relevé de TR idéal selon le volume et la fonction d'une salle (conférence, théâtre, musique de chambre, musique orchestrale...) et c'est encore aujourd'hui une base très fiable à laquelle se réfèrent les acousticiens.
A prendre en compte : L'acoustique d'une salle remplie de 100 spectateurs deviendra beaucoup plus sèche que lorsqu'elle est vide. C'est un peu comme si chaque personne, avec ses vêtements, constituait un petit panneau absorbant. Nous prenons donc le parti d'établir un temps de réverbération un peu trop long à vide, pour qu'il devienne optimal en situation de concert. Quand cela est possible, nous préconisons des panneaux réversibles réfléchissants d'un côté, absorbants de l'autre.

Second défi : une réverbération bien équilibrée
Pour traiter un local, on a souvent le réflexe d'installer des matières qui absorbent les aigus et les haut-médiums (dans un salon on installe rideaux, tapis, quelques panneaux de laine minérales ou végétales) Mais dans un volume comme le Studio Stephen Paulello, il faut installer aussi des dispositifs qui amortissent les bas-médiums et les graves pour éviter le fameux effet « boomy » des grandes salles... Ces différents « piège à basses » et « résonateurs » sont dissimulés un peu partout dans le décor.

Troisième défi : supprimer le flutter echo
C'est le phénomène ce qui se produit lorsqu'un son est émis entre deux murs lisses et parallèles, on entend alors une répétition de ce son entre les deux surfaces comme un echo entre deux montagnes, mais à intervalles très rapprochés. Plus les murs sont proches, plus cet echo sera rapide. Dans les petites pièces on n'arrive même plus à percevoir l'effet « ping pong » des murs, mais on obtient un durcissement du son, une sorte de retour médium aigu métallique. Si on incline au moins l'une des deux surfaces ou qu'on l'équipe de panneaux acoustiques, cet effet nuisible disparaît.

Quatrième défi : le volume sonore.
Ce bel instrument est habitué à des espaces encore plus grands que celui-ci et sa puissance sonore pourrait bien submerger le public.
C'est pour éviter cela que nous utilisons les fameux diffuseurs de Schroeder car ils parviennent à briser le flutter echo sans abaisser le temps de réverbération. Au lieu de revenir en onde frontale, l'énergie arrière de l'instrument est renvoyée de façon diffuse au pianiste et à l'auditoire. C'est une sorte de réglage du niveau sonore à taille humaine.
Par un savant calcul, on peut même provoquer la diminution de certaines longueurs d'onde.
Vous aurez remarqué que les diffuseurs derrière le piano sont de tailles et de profondeurs différentes, car ils ont été calculés pour atténuer de façon homogène tout le spectre émis par le piano (et un peu davantage, en prévision de concerts avec percussions.)

Le look :
Une fois que le calcul et que le diagnostic acoustique sont établis, arrive la question visuelle.
Dans un tel volume, il faut penser le design pour ne pas ruiner l'architecture globale du lieu, ni le transformer en mur d'expo de panneaux acoustiques...
Avec Claire et Stephen, nous avons imaginé des diagonale qui traversent tout l'espace de pour jouer avec la ligne oblique du plafond. La couleur rouge a été choisie pour sa chaleur et sa connotation théâtrale.

  

Le travail de l'éclairage a été crucial pour focaliser l'attention sur le piano tout en soulignant les lignes de forces et quelques constructions acoustiques élégantes.

  

Depuis son inauguration, le Studio Stephen Paulello accueille régulièrement des concerts de grande qualité.
On vous conseille vivement de vous inscrire à leur mailing liste stephenpaulello(at)gmail-point-com pour profiter de ces précieux moments dans un cadre spacieux et intime.